Notre lettre 1099 publiée le 13 septembre 2024

QUIMPER

LES FIDÈLES DE SAINT MATTHIEU

ET SAINT SÈVE

PERSÉCUTÉS POUR

LEUR FERVEUR

ET LEURS VOCATIONS ?

Et si c'était finalement le succès des communautés traditionnelles de Saint-Matthieu de Quimper et de saint Sève qui justifiait la haine du diocèse de Quimper à leur encontre ? Des centaines de fidèles alors que même la cathédrale sonne creux, des sacrements en quantité, des quêtes rebondies – qui suscitent la concupiscence du diocèse dont les donateurs ne cessent de vieillir et ne se renouvellent plus, et surtout des vocations alors que le diocèse de Quimper est rendu au quasi zéro absolu.

Officiellement, le diocèse de Quimper dispose de trois séminaristes. Mais l'un d'eux, gravement malade, est en arrêt maladie longue durée. Un autre est au séminaire de Rennes. Un dernier, Nicolas Poulain, formé au séminaire des Carmes à Paris, va être ordonné diacre en vue du sacerdoce le 15 septembre prochain à la cathédrale de Quimper – et probablement prêtre en juin prochain. Et c'est tout.

Dans le même temps, la paroisse saint-Matthieu à elle seule a envoyé trois séminaristes à la Fraternité Saint-Pierre ces dernières années – en moyenne, une vocation par an depuis quatre ans. Un autre entre cette année dans un autre des séminaires de la Tradition. Bref, saint Matthieu est à l'origine de quatre vocations religieuses, toutes ces dernières années. Et le diocèse ?

Il y a aussi des vocations qui vont à la FSSPX – plusieurs de ses prêtres sont originaires du Finistère, dont l'abbé Troadec qui y est en poste, l'abbé Salaün à Grenoble, l'abbé Guéguen actuellement au Canada, et d'autres, qui n'ont pas nécessairement toujours un patronyme si breton ; l'abbé Salenave, quimpérois, a rejoint Mgr Williamson il y a plusieurs années. Cette année, un brestois entre parmi les frères de la FSSPX. Et le diocèse ?

Certes, il y a le cas un peu particulier de Brest – tant à la FSSPX où les vocations croissent dans un... ancien mûrissoir à bananes transformé en église que côté diocésain dans la communauté traditionnelle de saint Michel, il s'agit d'une ville de passage où les marins, étudiants, militaires et administratifs restent parfois à peine un an, souvent à peine trois ou cinq. Le temps d'une licence, d'un contrat ou d'un temps. Difficile dans ce cas de parler de vocations qui en sont issues – même si là encore, d'Ecône à Lagrasse en passant par des communautés religieuses, d'anciens fidèles de la Tradition à Brest, des deux sexes, ont embrassé une vocation sacerdotale ou religieuse, toujours loin du diocèse de Quimper.

Et le diocèse ? Il pense que dans ces paroisses traditionnelles subsistent, pour reprendre le mot d'un de ses responsables, « de bonnes familles chrétiennes ». Mais les vocations ne naissent pas par génération spontanée. Il faut aussi de bons prêtres – qui soient des modèles, un bon environnement catholique, un bon catéchisme, de bons sacrements.

Tout ce que le diocèse de Quimper n'est plus, en somme.

Pour des vocations, il faut de bons prêtres et le diocèse de Quimper en a eu, beaucoup

Il n'en a pas toujours été ainsi – et le diocèse de Quimper, grand pourvoyeur de vocations religieuses, sacerdotales et missionnaires au XIXe et au XXe siècle jusqu'au Concile, a été abondamment étudiés. Nous écrivions voilà presque un an :

« Un élève de maîtrise à l'université de Rennes avait fait, en 1968, un mémoire sur l'évolution quantitative du clergé diocésain de Quimper, ajouté à la lettre diocésaine en novembre de cette année, où il explique avoir rédigé « 4578 fiches avec sur chacune la carrière d'un prêtre » ordonné dans le diocèse depuis 1803 ».

A la fin de son mémoire, il dresse les ordinations par année et par paroisse – la seule paroisse de Saint-Corentin, la cathédrale de Quimper, a donné 70 prêtres, et celle de saint Matthieu 28 prêtres, de 1803 à 1968. Le diocèse de Quimper ordonnait en année pleine, en moyenne, 25 prêtres dans la première moitié du XIXe, près de 40 dans la deuxième moitié – jusqu'à 56 en 1872, 1899 et 1902, et encore 20 à 30 par an dans les années 1920-30 (jusqu'à 49 en 1938, 48 en 1946, 54 en 1947), avant de retomber à une dizaine dans les années 1950 et 1960 ».

Un chiffre donne l'ampleur de l'effondrement dans le seul diocèse de Quimper : en 1947 ce seul diocèse a ordonné 54 prêtres, dans les années 1950 et 60 le diocèse de Quimper se maintient à une dizaine d'ordinations par an. Ces dernières années, le diocèse de Quimper a ordonné deux prêtres en 2023, un en 2021, un en 2019, un en 2018, un en 2017 – un frère de Landévennec, deux en 2016, un en 2014, un en 2013, deux en 2012, un en 2010 – un haïtien – soit, une fois le religieux et le missionnaire haïtien mis à part, 11 prêtres en 14 ans pour l'essentiel (mais pas tous) issus du diocèse de Quimper. Un bilan honorable au vu du désert spirituel dans certains diocèses français, mais qui représente deux ans d'ordinations en moyenne dans les années 1960.

L'effondrement est encore plus patent pour les vocations religieuses et missionnaires – le site du diocèse de Quimper a ainsi mis en ligne une liste des hommes qui ont embrassé une vocation religieuse ou missionnaire issus du diocèse, de 1800 à 1975. Elle avait été publiée dans le bulletin Lizeri Breuriez ar feiz, nos missionnaires, n°638, avril-juin 1976 : les 17 pages listent ainsi 938 noms de missionnaires issus du Finistère dans cette période – et elle ne prend pas en compte les nombreuses autres vocations, chez les religieuses, les ordres monastiques français, les religieux enseignants etc. Une autre étude, intitulée « Missionnaires bretons d'Outre-Mer au XIXe-XXe siècles » indique que de 1801 à 1940, le seul diocèse de Quimper a envoyé 622 pères, 228 frères et 648 sœurs – toujours pour les seules missions !

Que s'est il passé ?

Jean-Paul Larvol, faiseur d'évêques, éminence grise, et (un des) fossoyeurs de la Bretagne catholique

Pour les vocations sacerdotales, en plus du Concile, il s'est aussi passé le père Jean-Paul Larvol. Celui qui a été secrétaire général adjoint de la CEF en 1999-2005 , notamment en charge de la pastorale des Jeunes où il n'a pas laissé de souvenir impérissable, n'a jamais eu de mitre, malgré tous ses efforts.

Il était considéré comme trop à gauche, soutien notamment de Mgr Gaillot après sa suspension. Ce qui ne l'a pas empêché de bien planter son diocèse d'origine, où il a célébré sa dernière messe paroissiale en paroisse à Melgven en septembre 2020 – il est formellement en retraite, mais fait partie des éminences grises cacochymes qui font tout pour que le diocèse s'éteigne avec eux.

Pour en revenir au père Jean-Paul Larvol, il est aussi nommé dans les années 1990 délégué diocésain aux vocations dans le diocèse de Quimper. Où il s'est principalement employé, nous dit-on, à écarter tous les profils un tant soit peu conservateurs – la plupart d'entre eux, déterminés comme peuvent l'être des Bretons du bout du monde, sont partis devenir prêtre dans d'autres diocèses plus accueillants, où ils ont parfois fait carrière. Certains se sont vus, jusqu'au début des années 2000, interdire de célébrer les messes d'inhumations de leurs parents – vengeance mesquine parmi toutes de faire la guerre aux morts, comme à ses propres fidèles. Le père Larvol avait été aussi nommé en 1995 secrétaire de la commission épiscopale des ministères ordonnés et du conseil national des grands séminaires.

Quand Mgr le Vert devient évêque de Quimper en 2007, il reconstitue un nouveau conseil épiscopal, dans lequel il nomme Hervé Queinnec chancelier – il l'est toujours, et Jean-Paul Larvol vicaire général, alors qu'il était chancelier et est resté doyen de Quimper. Alors curé à Landudec, on le retrouve en 2010 célébrant le pardon de Landudec, en tant que vicaire général, en présence de nombreuses personnalités du diocèse dont le frère Jean René Gentric, directeur – pour quelques jours encore avant de devenir provincial des lassalliens – du prestigieux lycée Likès de Quimper, pépinière des élites catholiques du sud-Finistère.

Vicaire général du diocèse, c'est sa démission en avril 2014 « par fatigue », mais en réalité sur fond de grandes dissensions idéologiques et de méthode avec Mgr le Vert, qui provoque la crise majeure qui conduit le Pape à le suspendre ses fonctions en mai « pour raisons de santé » puis à lui faire quitter le diocèse, après un intérim assuré par l'évêque émérite de Langres (autre diocèse alors en voie de mort cérébrale, qui a connu un léger regain depuis) Mgr Gueneley... qui a commencé en août 2014 par rappeler Jean-Paul Larvol à ses fonctions, le désignant « délégué territorial du diocèse pour le Sud-Finistère », bref, en quelque sorte vicaire général pour Quimper et le pays bigouden.

Jean-Paul Larvol est donc l'un de ceux qui a fait Mgr Dognin évêque, après s'être assuré que celui-ci serait docile et ferait tout ce que les éminences grises lui prescriraient. Sous peine, lui aussi, de perdre sa mitre et d'être renvoyé d'où il vient – Mgr Larvol comme ses pareils prêchent l'accueil inconditionnel des migrants et la transformation de l'église en ONG, mais rêvent d'un évêque bigouden et au vu des ordinations des dernières années, limitent le plus possible les vocations venues d'ailleurs – même des autres diocèses bretons.

Né le 16 septembre 1945 à Quimper, il a été ordonné prêtre le 30 septembre 1973 après des études au séminaire des Carmes, et en lettre à Angers et Rennes (licence de philosophie), vicaire à Brest de 1974 à 1982 et aussi aumônier des Scouts de France, des mouvements d'Action catholique et des Equipes Notre-Dame. Il est aussi aumônier de la jeunesse indépendante chrétienne de 1976 à 1982 ; en 1982-84 il enseigne au séminaire interdiocésain de Vannes et est aumônier du lycée de l'Harteloire à Brest. De 1984 à 1990 il enseigne la théologie au séminaire interdiocésain de Vannes – dont on peine à imaginer qu'il fut jadis un fer de lance du progressisme ecclésial – et en devient le supérieur le 15 juillet 1990. Le dernier.

Alors que le séminaire de Vannes avait été reconstruit par Mgr Tréhiou dans les années 1930 pour accueillir plus de 200 séminaristes, il ferme en 1998 et ses derniers séminaristes rejoignent le séminaire interdiocésain de Rennes ; ce dernier se voit encore renforcé en 2015 par la fermeture de celui de Caen.

Néanmoins il n'est plus, et de très loin, le principal séminaire des départements Bretons et de l'ouest de la France – c'est celui de la communauté saint Martin à Evron dont les effectifs plantureux (plus de 100 séminaristes) et les vocations venues de partout suscitent une certaine envie, voire... de certains évêques – là encore, c'est le succès de la communauté saint-Martin qui en fait le malheur. Si son séminaire était sur le point de fermer, elle serait au centre de tous les honneurs...et pourrait, comme Jean-Paul Larvol, donner des leçons sur la façon d'attirer les vocations, les missions du prêtre, l'organisation des séminaires... alors qu'il aura passé sa vie sacerdotale à couper des têtes – les vocations, son séminaire, et même l'évêque qui l'a propulsé vicaire général, lui donnant une ultime chance d'obtenir la mitre... 

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