Notre lettre 974 publiée le 7 novembre 2023
XIIème PELERINAGE
SUMMORUM PONTIFICUM A ROME
LA TRADITION DE 95 PAYS PLUS VIVANTE QUE JAMAIS
Paix liturgique : Cher Christian, pouvez-vous nous rappeler comment est né votre pèlerinage romain ?
Christian Marquant : Son vrai nom, « Pèlerinage du peuple Summorum Pontificum », est éclairant. Ce sont le cardinal Ranjith et Mgr Nicola Bux qui, en 2012, donnèrent l’idée d’organiser une manifestation romaine de fidèles catholiques du monde pour montrer leur reconnaissance au pape Benoit XVI d’avoir promulgué le 7 juillet 2007 le motu proprio Summorum Pontificum qui semblait mettre fin à plus de 40 ans de guerres liturgiques. Une organisation se mit en place, un peu informelle mais déjà efficace dès 2012 : le Cœtus Internationalis Summorum Pontificum.
Paix liturgique : Ce pèlerinage fut-il un succès ?
Christian Marquant : Les difficultés d’organisation furent considérables, mais le cardinal Cañizares, alors Préfet de la Congrégation pour le Culte divin, accepta de célébrer la messe pontificale pour ce pèlerinage à Saint-Pierre de Rome. Pour une première initiative de ce type, il fut manifestement un succès à tel point qu’il fut décidé, malgré les hésitations, de le reproduire les années suivantes.
Paix liturgique : Pouvez-vous nous présenter le cadre et le déroulement de ce pèlerinage ?
Christian Marquant : Le pèlerinage est évidemment romain, car le but principal est de venir Ad Petri Sedem rendre grâce pour la paix qui a été restaurée.
Le déroulement a tâtonné les premières années mais s’est vite fixé autour de l’organisation de trois journées de prières précédant et incluant le dimanche du Christ-Roi. Désormais, depuis plusieurs années, les choses se passent ainsi :
- Le vendredi qui précède le dimanche du Christ-Roi voit se réunir les pèlerins à Sainte-Marie des Martyrs, plus connue à Rome sous le nom du Panthéon, pour des Vêpres inaugurales qui constituent l’ouverture du pèlerinage.
- Le samedi, les fidèles se retrouvent pour un temps d’adoration, dans la basilique Saint-Celse, qui est suivi par une procession dans les rues de Rome jusqu’à la basilique Saint-Pierre.
- Enfin, le dimanche, le pèlerinage se termine par la célébration d’une messe de clôture à La Trinité des Pèlerins, dont la nef « explose » à cette occasion, et aussi, pour pouvoir recevoir les fidèles toujours plus nombreux, avec une messe d’action de grâce à la basilique Saint-Celse.
Paix liturgique : Cela n’a rien à voir avec le pèlerinage de Chartes…
Christian Marquant : C’est autre chose, comme aussi autre chose que celui de Covadonga ou de Lujan. C’est un pèlerinage de catholiques du monde entier attachés à l’usus antiquior, qui viennent prier, remercier, témoigner de cet attachement au cœur de l’Eglise.
Paix liturgique : Mais qui organise ce pèlerinage ?
Christian Marquant : Depuis 2013, le Cœtus, que j’ai évoqué, a pris une consistance plus formelle : c’est une association constituée non d’individus mais d’associations du monde qui œuvrent toutes ensemble au succès et au rayonnement de celui-ci.
Paix liturgique : Quelles sont ces associations ?
Christian Marquant : Actuellement, 19 associations constituent le Cœtus Internationalis Summorum Pontificum (CISP). Vous pouvez en trouver la liste détaillée sur le site du CISP https://site.summorum-pontificum.org/. Chaque année d’ailleurs, le CISP s’agrandit et réunira je l’espère bientôt des associations plus nombreuses venues notamment d’Asie et d’Afrique.
Paix liturgique : Comment s’est déroulé du 27 au 29 octobre 2023 votre 12éme pèlerinage ?
Christian Marquant : Par beaucoup d’aspects aussi bien que possible. Pour ce qui est de la fréquentation : nous partîmes plus de 550 fidèles au Panthéon pour les vêpres d’ouverture, et par un prompt renfort, nous nous vîmes 1200 (chiffre de la police) à pérégriner dans Rome jusqu’à la basilique Saint-Pierre. Ce grand nombre a d’ailleurs eu cet effet que la police italienne, qui assure les contrôles de sécurité sous la colonnade du Bernin au moment où nous sommes pris en charge par la gendarmerie pontificale, a été débordée.
Paix liturgique : Et dans Saint-Pierre ?
Christian Marquant : Une situation plus complexe car nous avons été accueillis, comme d’habitude, avec moult bienveillance par les gendarmes, les sanpietrini, et le personnel de la sacristie, mais pour la première année nous n’avons pu y célébrer la messe traditionnelle.
Paix liturgique : L’on vous a refusé de célébrer l’usus antiquior dans Saint-Pierre ?
Christian Marquant : Je vous rappelle qu’un document du nom de Traditionis custodes a été promulgué... L’étonnant n’est pas le refus de cette année mais l’autorisation des deux années précédentes… Le refus – très gêné – nous a été signifié, après de longs atermoiements, par le cardinal archiprêtre, sentito il Santo Padre, ayant entendu le Saint-Père.
Paix liturgique : Mais peut-être auriez-vous pu renoncer au pèlerinage ?
Christian Marquant : C’est peut-être ce que certains espéraient mais il n’en fut pas question. Le pèlerinage 2023 était le 12éme et nous sommes tous déterminés à continuer à montrer, dans la paix et la prière, notre attachement à la foi catholique et à l’usus antiquior qui en est sa plus parfaite expression liturgique.
Paix liturgique : Donc d’une certaine manière l’objectif du début du pèlerinage a changé...
Christian Marquant : Parce que la situation de l’Église a changé. Au début nous remerciions le Saint-Siège d’avoir rétabli la Paix Liturgique. Aujourd’hui nous insistons sur le fait que l’Église est ouverte à TOUS (TODOS, TODOS, TODOS) et aussi aux fidèles attachés à l’usus antiquior.
Paix liturgique : Donc vous avez processionné comme d’habitude vers Saint-Pierre.
Christian Marquant : Et nous sommes entrés dans Saint-Pierre en chantant avec beaucoup d’émotion de pouvoir ainsi nous approcher du tombeau de l’apôtre et du cœur de l’Eglise.
Paix liturgique : Mais est-ce une procession autorisée ?
Christian Marquant : De bout en bout, et notamment dans les rues de la ville par la préfecture de Rome, l’encadrement étant fait par la police qui notamment gère les inévitables embouteillages.
Paix liturgique : Et que disent les badauds et pèlerins qui ne peuvent manquer de vous voir ?
Christian Marquant : Non seulement les pèlerins et touristes, mais aussi les membres de la Curie, car notre procession passe au centre de la place Pie XII, autour de laquelle sont regroupées les principales Congrégations.
Paix liturgique : Ceux qui vous voient sont surpris et étonnés donc.
Christian Marquant : Oui ils sont surpris autant par le clergé qui ouvre la procession que par la marée de drapeaux qui flotte sur les fidèles qui la suivent.
Paix liturgique : Une marée de drapeaux ?
Christian Marquant : Je vous ai dit que ce pèlerinage était celui du peuple attaché à la liturgie traditionnelle : depuis plusieurs années tous les pays où est célébrée la liturgie traditionnelle sur la planète sont représentés par leurs drapeaux
Paix liturgique : Et cela en fait-il beaucoup ?
Christian Marquant : 95 est le nombre de pays où actuellement, en 2023, est célébrée la liturgie traditionnelle. Certains pensent que c’est un pèlerinage surtout français, mais en fait, les Français ne représentent même pas 5 % des pèlerins.
Paix liturgique : Vous dites que les pèlerins viennent du monde entier…
Christian Marquant : La procession était présidée par le TRP Antonius Maria Mamséry, supérieur des Missionnaires de la Sainte Croix en Tanzanie. Mais j’ai rencontré des fidèles venus de Chine continentale, d’Afrique du Sud, de Norvège, de Corée, d’Argentine, de Slovaquie, du Brésil, …
Paix liturgique : Du monde entier donc.
Christian Marquant : Oui du monde entier et pas seulement des pays d’Europe qui bien évidemment sont tous solidement représentés, Italie bien sûr, Angleterre, Pays-Bas, Pologne, Portugal etc. Oui TODOS, TODOS, TODOS pour reprendre les mots du pape en les appliquant à l’universalité de ceux qui veulent continuer à vivre leur foi catholique au rythme de l’usus antiquior.
Paix liturgique : Vous venez de parler du Père Antonio qui a présidé la procession. D’autres prélats ont-ils participé au pèlerinage ?
Christian Marquant : Les vêpres du vendredi ont été présidées par Mgr Athanasius Schneider, qui nous a gratifiés d’un sermon d’une grande richesse sur l’indestructibilité de la foi catholique. Le dimanche ce sont Mgr Pozzo à la Trinité des Pèlerins et de nouveau Mgr Athanasius Schneider à la basilique Saint-Celse qui ont célébré respectivement la messe de clôture et la messe d’action de grâces dans des églises combles.
Paix liturgique : Mais vous aviez organisé également une journée de Rencontre à l’Université Pontificale Augustinienne, avant que ne débute le pèlerinage lui-même ?
Christian Marquant : C’est une tradition ancienne que soient organisées à Rome au moment du pèlerinage des réunions périphériques à celui-ci. Ainsi en 2016 y furent célébrés les 10 ans de l’IBP, et cette année aussi l’assemblée générale biennale de la fédération internationale Una Voce.
Paix liturgique : Et la rencontre PAX LITURGICA.
Christian Marquant : C’était la 8ème Rencontre de ce type ; une rencontre d’amitié et de travail à l’Augustinianum, à deux pas du Vatican, sous la direction experte du Professeur Rubén Peretó Rivas, qui est aussi le directeur du CIEL.
Paix liturgique : Et comment s’est déroulée cette Rencontre ?
Christian Marquant : Plus de 200 participants ont été enchantés des communications de Mgr Scheinder, mais aussi de Jean-Pierre-Maugendre, de Joseph Shaw, et encore du fantastique témoignage de Madame Michela Di Mieri, historienne, sur « L’histoire d’un retour à la maison » (parcours de la militance d’extrême gauche à la liturgie traditionnelle), et enfin du missionnaire Joao Silveira, qui nous a longuement parlé de l’Afrique en concluant qu’elle sera la grande chance de la Tradition.
Paix liturgique : Maintenant est donc venu pour vous le temps du repos...
Christian Marquant : Pas du tout, car c’est dès maintenant que se prépare notre 13ème pèlerinage qui se déroulera du 25 au 27 octobre 2024.
Paix liturgique : Mais n’est-ce pas un peu trop tôt d’en parler déjà ?
Christian Marquant : Quand je vois le nombre de nos amis qui découvrent trop tard nos trois journées romaines, non je ne le pense pas. D’autant que les deux années à venir seront pour nous des occasions de fêter des anniversaires importants.
Paix liturgique : Lesquels ?
Christian Marquant : En 2024 le soixantième anniversaire de la Fédération Una Voce et en 2025 à la fois le Grand Jubilé et le centième anniversaire de l’encyclique Quasi Primas qui institua la fête du Christ-Roi, le moment même où se déroule chaque année notre pèlerinage romain.
Paix liturgique : Vous invitez-donc vos amis à s’organiser pour se retrouver à Rome en 2024 ?
Christian Marquant : Je les y invite avec la plus ferme énergie : prière avec la messe traditionnelle, pour la messe traditionnelle, et témoignage en faveur d’une messe qui non seulement n’est pas près de disparaître, mais qui continuera à s’étendre partout dans le monde. La preuve à Rome et dans Saint-Pierre de Rome.
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