Paix liturgique

Le cardinal Ouellet et la Curie ont justifié leurs interventions à Pontcallec et le renvoi de l'état clérical de mère Marie Ferréol par la volonté de mettre fin à des dérives au sein de la congrégation bretonne, mais plus on s'intéresse au sujet et plus l'on constate que les dérives et l'arbitraire se sont accrus, au point que la congrégation se trouve aujourd'hui dans une situation canonique inédite... et que mère Marie Ferréol est littéralement pourchassée à travers le monde.

Un nouveau coup de Jarnac contre contre un évêque courageux

Fin juin, l'on apprenait qu'une visite apostolique allait être menée à Tyler, Texas, au sujet de Mgr Strickland, connu pour sa défense sur tous les fronts du magistère de l'Eglise et de sa vie – ce qui lui a valu des solides inimitiés de la part de l'actuel gouvernement américain et d'évêques de la ligne bugnignienne.

Il a aussi accusé le Vatican de saper la foi et condamné les hérésies du jésuite James Martin, proche de François – deux prises de position qui peuvent légitimer, dans une fuite en avant autoritaire du Pape qui n’est plus au top de sa forme, une visite canonique afin de mettre fin aux prises de position publiques de Mgr Strickland.

Il a aussi été en pointe lors des protestations contre les Dodgers de Los Angeles, une équipe de base-ball, qui a accueilli pour la Pride un groupe de militants LGBTQ+ qui se présentent comme des « religieuses grotesques » qui multiplient les blasphèmes : des milliers de chrétiens ont protesté devant le stade des Dodgers. Il a déclaré, à cette occasion, en appelant les chrétiens américains à se lever et à protester contre le blasphème : « la plupart d'entre nous ne seront probablement pas appelés à verser notre sang, mais si nous le sommes, nous devons être prêts, comme les martyrs. Mais plus important encore, nous devons vivre notre martyre. Nous devons vivre comme ceux qui sont prêts à mourir et prêts à vivre pour le sang qui a été versé pour nous tous ».

Suite à la fin de la visite apostolique, The Pillar a écrit un article sur le déroulement de celle-ci, où il apparaît que la décision de contraindre Mgr Strickland à la démission et le remplacer est déjà prise et que les visiteurs cherchaient surtout de quoi justifier leur rapport et des noms pour lui succèder – comme à Toulon lors de la visite apostolique menées par Mgr Hérouard et Mgr Mercier en février-mars 2023. (mais l’on s’aperçoit parfois qu’il n’est pas facile de passer du rêve à la réalité…)

The Pillar a relaté notamment le récit d'un prêtre sur les questions qui lui ont été posées par les visiteurs : "les questions portaient sur la direction administrative de Strickland dans le diocèse, plutôt que sur sa personnalité démesurée sur les réseaux sociaux". Le prêtre interrogé poursuit : « Il ne s'agissait même pas principalement de ses « coups de gueule » à propos du pape François », affirmant que cela se concentrait principalement sur les questions de gouvernance » et que les visiteurs « posaient déjà des questions sur qui pourrait être un bon candidat pour remplacer » Mgr Strickland.

Le blog Where Peter Is ajoute le témoignage d'un autre prêtre : « au moment où les visiteurs lui ont parlé, "il était assez évident pour moi qu'ils en savaient déjà beaucoup". Il a dit qu'il avait également senti que "la majorité des témoins appelés étaient en faveur de la révocation de l'évêque". Contrairement au prêtre qui a parlé au Pilier, ce prêtre a été interrogé sur les tweets de Strickland et sur la compréhension de l'évêque des expressions qu'il utilise fréquemment, telles que "le dépôt de la foi". Il a dit que parmi les personnes interrogées figuraient des membres du conseil presbytéral diocésain, du conseil économique et des responsables de la chancellerie ».

Mère Marie Férréol, vraie raison de la visite apostolique lancée contre Mgr Strickland au Texas ?

Mais Where Peter Is vend aussi la mèche : « Where Peter Is a été informé par plusieurs sources au sein du diocèse que Strickland a fourni un refuge à une ancienne religieuse française, Marie Ferréol, qui a été renvoyée de l'état clérical par le Pape François en 2021 aprèsavoir passé trente-quatre ans chez les Sœurs Dominicaines du Saint-Esprit à Pontcallec en Bretagne ».

Il ne peut s'agir, au vu des descriptions, que de mère Marie Ferréol. Le blog américain cite l'article de la Croix – à charge – qui reprend la thèse de l'accusation, selon laquelle mère Marie Férréol « montait les sœurs les unes contre les autres » et tenait des propos très virulents.

« Selon de multiples sources dans le diocèse, elle s'est en quelque sorte retrouvée plus tard à Tyler et se présente toujours comme une sœur, malgré son renvoi définitif de la vie religieuse. Selon un courriel envoyé aux parents d'élèves de l'école secondaire Bishop Gorman plus tôt cette année, "une religieuse" nommée "Sœur Marie de la Valette" a rejoint leur faculté en janvier, où elle "assistait dans les classes de langues du monde et travaillait dans le bibliothèque ».

L'e-mail expliquait : «Elle vient d'une communauté religieuse en France qui a fait face à des défis, comme de nombreuses communautés dans le monde. Sœur est ici avec nous dans un moment de discernement personnel concernant son futur chemin. Un autre e-mail aux parents annonçait une "mini-retraite pour les mamans" le 20 mai, qui était décrite comme "une opportunité de prière, de réflexion et de discussions dirigée par Sr. Marie pour nous guider dans la vocation de notre mère dans notre foi". Malgré ces annonces par mail, mère Marie Ferréol n'apparaît pas sur le site internet ni sur la page Facebook de l'école - et selon nos informations elle est retournée en France actuellement.

Renvoyée de Pontcallec, mère Marie Férréol toujours pourchassée où qu'elle aille ?

Renvoyée de l'état clérical – sans moyens de subsistance, ni situation, mère Marie Férréol a trouvé refuge dans une petite maison au-dessus de l'abbaye de Randol, dans le centre de la France. Selon ses proches, elle estime qu'elle a été renvoyée de l'état clérical par les hommes, mais que sa Promesse à Dieu tient toujours – elle vit dévotement et garde la possibilité d'être accueillie ultérieurement comme Vierge consacrée.

Mais le cardinal Ouellet ne l'entend pas de cette oreille – il est resté à la tête de la congrégation des Eveques jusqu'en avril 2023, alors qu'il devait quitter les lieux en janvier 2023 – cela coïncide aussi avec les dates de la visite apostolique dans le diocèse de Toulon.

Mère Marie Ferréol, bien que renvoyée à l'état laïc, est toujours visiblement considérée par les institutions de l'Eglise – ou le cardinal Ouellet – comme étant sous la coupe de l'Eglise. Ainsi, lorsqu'elle s'est rendue dans un diocèse français où réside son frère, elle a été convoquée par l'évêque du lieu, dès qu'il a été au courant de sa présence.

Puis, comme nous le confirment ses proches, elle est partie aux Etats-Unis quelques mois en stage, à titre personnel. « Mais même à l'autre bout du monde, elle a été pourchassée. On ne parle pas d'un prêtre pédophile, mais d'une sœur qui a défendu sa congrégation face à certaines dérives et la mémoire de son fondateur [l'abbé Berto] injustement attaqué en osant se confronter à un cardinal qui se comporte comme un Prince de l'Eglise, en tordant les institutions et le droit canonique pour imposer son pouvoir de façon tout à fait abusive », constate un de ses proches.

Pontcallec, un OVNI de droit pontifical sous la coupe du cardinal Ouellet ?

Aujourd'hui, Pontcallec, société de vie apostolique de droit pontifical, est placée dans une situation canonique inédite. Elle ne dépend en effet pas du dicastère à la vie consacrée – qui s'occupe à Rome des institutions religieuses – ni de la Congrégation de la doctrine de la Foi à laquelle le dossier a été retiré. Et quand le cardinal Ouellet a quitté ses fonctions, il est parti avec le dossier Pontcallec sous le bras – une situation anormale, et inédite, qui place la congrégation bretonne sous l'influence exclusive du cardinal Ouellet.

Et il y intervient régulièrement, en laissant sa marque de fabrique – l'abus de pouvoir, en tous lieux. Ainsi, il serait à l'origine des conditions d'exclaustration exigées par la direction de la congrégation aux religieuses : pas plus d'une par diocèse, aucune dans les diocèses où il y a encore des écoles (Nantes, St Dié, Nanterre et Vannes) et une seule pour toute l'Ile-de-France.

« Clairement, il y a une volonté de les empêcher de se regrouper, voire de reformer une ou des écoles », relève un religieux qui a été exclaustré de son ordre pour rejoindre le clergé séculier. « Il peut y avoir des conditions d'exclaustration un peu plus strictes – par exemple quand je suis parti, ma congrégation m'a demandé de quitter le diocèse ou je venais de m'installer et on m'a expliqué par oral – cela n'a pas été écrit – que je ne pourrais pas m'y installer, bien que j'y avais des proches. Certes, j'aurai pu écrire à l'évêque, et s'il m'accueillait, j'aurais pu y venir, mais je ne l'ai pas fait. C'était un cas d'espèce, compréhensible. Ces conditions d'exclaustration semblent inutilement dures et surtout témoignent, paradoxalement, d'une grande crainte envers religieuses exclaustrées – on utilise l'arme nucléaire pour écraser des mouches. Parce qu'on n'a pas la conscience tranquille ?»

Abus de pouvoir, réseautage et copinage : la stratégie du cardinal Ouellet pour devenir Pape ?

Autre marque de fabrique du cardinal Ouellet – le copinage pour arriver à ses fins. Ainsi, c'est avec dom Nault, de l'abbaye de Saint-Wandrille dont il est proche et où il vient tous les ans animer des sessions liturgiques, qu'il s'est fait désigner visiteur canonique pour conclure à l'expulsion de mère Marie Ferréol et au renvoi pour trois et huit mois respectivement de deux autres sœurs, mère Marie de saint Denis – qui n'est pas revenue dans la congrégation – et mère Marie-Pia, considérées par l'actuelle direction comme des opposantes.

En revanche, dix ans après les dérives de guérison et les exorcismes, aucun responsable de la première crise au sein de Pontcallec qui a justifié une première intervention de Rome n'a été condamné... jusqu'à l'abbé particulièrement actif lors de cette période, qui a quitté Pontcallec mais est toujours en charge d'une paroisse, à l'autre bout de la France. En revanche, pour satisfaire à la forte animosité développée par mère Marie de l'Assomption envers Marie Ferréol, celle-ci a été chassée et est désormais pourchassée, où qu'elle aille dans le monde. Devra-t-elle demander l'asile politique et religieux en Russie pour que le cardinal Ouellet la laisse en paix ?

Aujourd'hui, le cardinal Ouellet n'est pas rentré au Québec – où quatre personnes l'accusent d'agressions sexuelles et où l'une d'elle l'accuse en outre d'avoir tout fait pour qu'elle perde sa place d'accompagnatrice pastorale dans son diocèse après qu'elle ait refusé ses avances. Là encore, c'est un jésuite proche du cardinal Ouellet, Jacques Servais, qui a mené l'enquête sur deux des abus en concluant en faveur du cardinal Ouellet. Puis le pape François, dont il est proche, a renoncé à lancer une nouvelle enquête malgré les soupçons qui entachaient la précédente – copinage encore.

Le cardinal Ouellet est entre Rome et Saint-Cloud en France où se trouve le siège du Centre de Recherche et d'Anthropologie sur les Vocations (CRAV) ( dont une des têtes d'affiche est... sœur Emilie de Vigouroux d'Arvieu (mère Marie de l'Assomption), dont on retrouve la tête partout sur le site, va passer ses vacances en France dans la famille de celle-ci en Normandie, et bénéficie de ses services d'assistante et de chauffeur quand il est en France.

Elle occupe une place prééminente, dont chacun peut facilement se rendre compte. Lors du colloque du CRAV en février 2022, lors du discours du pape François, on la voit – tout un symbole – devant, placée à égalité des évêques et des cardinaux, juste de l'autre côté de l'allée centrale, et non parmi le public et le clergé comme les autres religieux.

« Ils se sentent tout puissants, protégés par les institutions de l'Eglise, malgré les quantités d'injustices et de vies brisées qu'ils ont semés sur leur chemin », relève un clerc breton qui constate que « ces deux là et quelques autres – notamment l'actuelle direction de la congrégation, ont réussi à mettre Pontcallec dans le mur. Le salut des âmes, ce n'est pas du tout leur combat ». En lieu et place, le cardinal Ouellet – qui ne cache pas ses ambitions Papales et se cultive un réseau – se comporte comme un prince de l'Eglise auquel tout est permis

.Plaudite, cives !