Notre lettre 423 publiée le 21 janvier 2014
AUX ÉTATS-UNIS, LA RICHESSE DE LA LITURGIE ROMAINE TOUJOURS PLUS ACCESSIBLE
« La Lettre apostolique Summorum Pontificum, donnée motu proprio par le Souverain Pontife Benoît XVI le 7 juillet 2007 et entrée en vigueur le 14 septembre 2007, a rendu plus accessible la richesse de la liturgie romaine à l’Église universelle ».
Instruction Universæ Ecclesiæ du 30 avril 2011
Près de trois ans après la publication de l’instruction sur l’application du Motu Proprio Summorum Pontificum, l’effet Summorum Pontificum ne s’estompe pas et l’universalité de la liturgie romaine se renforce toujours davantage. En fait, l’effet « Pape François », que les médias interprètent bien à tort comme une fin de la parenthèse qu’aurait ouverte le pontificat de Benoît XVI, ne change rien à la demande de liturgie traditionnelle, ni rien non plus ou presque, en tout cas pour l’instant, à l’attitude des curés et des évêques en la matière.
Nous vous offrons cette semaine, pour commencer l’année, un point sur les principaux progrès de la forme extraordinaire aux États-Unis, où la messe traditionnelle est déjà offerte dans 193 des 195 diocèses du pays, et le sera très bientôt dans tous !
A) C’est de New-York que nous partons. De Staten Island, plus précisément. Après 48 ans d’absence, la messe traditionnelle y est revenue, le 12 octobre 2013. Pas encore dans un cadre dominical et hebdomadaire, mais néanmoins avec succès, comme en témoigne un fidèle :
« Contrairement à ce que j’imaginais – et probablement aussi à ce qu’imaginaient ceux qui avaient programmé une messe à 19h30 un samedi d’octobre – nous étions plus d’une centaine ». Cette messe, organisée en l’église du Sacré-Cœur, une église historique du quartier, a été célébrée par le curé qui a dit avoir appris à la célébrer pour l’occasion. Or, comme le relève le fidèle : « Un prêtre prendrait-il la peine d’apprendre à célébrer la messe traditionnelle seulement pour satisfaire une poignée de fanatiques, une ou deux fois l’an ? Ou bien ce curé croit-il dans la valeur spirituelle de cette messe et entend-il la réintroduire dans sa paroisse de façon régulière ? S’il réussit à attirer une centaine de personnes le samedi soir, combien en aurait-il à 10h30 le dimanche matin ? ». Nous ne saurions mieux dire !
Au passage, notons ce détail que nous livre le fidèle : « Comme à toutes les messes auxquelles j’ai pu assister à New-York, des dames asiatiques nous attendaient à l’entrée de l’église pour nous distribuer, avec amabilité, des livrets pour nous aider à bien suivre et participer à la messe ».
B) Comme l’illustre ce curé de Staten Island, et comme nous avons souvent eu l’occasion de l’écrire, la formation des prêtres est l’un des points forts du développement de la messe aux États-Unis. Dans un entretien avec le magazine Regina, Byron Smith, secrétaire d’Una Voce America, nous apprend à ce propos que plus de 1 000 prêtres du pays ont déjà suivi une formation à la célébration de la messe traditionnelle. Les chanoines de Cantius (voir notre lettre 260) sont toujours au nombre des divulgateurs les plus efficaces de la liturgie grégorienne : du 10 au 13 octobre, ils ont ainsi tenu un cours pour les séminaristes du diocèse de Détroit.
C) En cette année 2013, le diocèse de Détroit est, à bien des égards, un excellent symbole du développement harmonieux de la forme extraordinaire aux États-Unis : outre cette session de formation pour les séminaristes diocésains, il a connu fin août le retour de la liturgie traditionnelle en la cathédrale du Saint-Sacrement – c’est l’un des évêques auxiliaires, Mgr Hanchon, qui officiait pour l’occasion – à la demande du groupe Juventutem local ; quelques semaines plus tôt, c’est un autre évêque auxiliaire, Mgr Reiss, qui conférait le sacrement de confirmation à 16 fidèles de la communauté Summorum Pontificum de l’église Saint-Josaphat. Implication des évêques, accès aux sacrements, formation des séminaristes : voilà un diocèse où les richesses du Motu Proprio sont bien partagées – une situation enviable de ce côté-ci de l’Atlantique...
Cathédrale du Saint-Sacrement de Détroit
D) Dans le diocèse de Galveston-Houston, l’archevêque, le cardinal DiNardo, a offert aux fidèles une paroisse personnelle le jour de l’Assomption. C’est l’abbé Van Vliet, de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre (FSSP), qui en a reçu la charge au cours d’une cérémonie présidée par le vicaire épiscopal. Baptisée Regina Cæli, cette paroisse n’a pas encore d’église propre mais a reçu l’autorisation de construire sur un terrain reçu en donation, au nord-ouest de la ville. Pour bien finir 2013, le 23 décembre, c’est l’évêque de Springfield (Illinois) qui, à son tour, a érigé la chapellenie Sainte-Rose-de-Lima, elle aussi desservie par la FSSP, en paroisse personnelle.
E) La côte Pacifique n’est pas en reste, notamment parce qu’elle bénéficie du gouvernement de deux archevêques particulièrement pacifiques : Mgr Sample, à Portland (voir notre lettre 404), et Mgr Salvatore Cordileone, à San Francisco.
Celui-ci soutient non seulement volontiers la plupart des initiatives Summorum Pontificum qui lui sont proposées mais n’hésite pas aussi à les proposer à son clergé et à ses fidèles. Ainsi, depuis le dimanche de la Trinité, c’est à la demande personnelle de l’archevêque de San Francisco que la messe traditionnelle a retrouvé droit de cité en l’église Étoile-de-la-Mer. Tous les dimanches et à 11 heures : exemplaire !
F) Ces bonnes nouvelles des États-Unis ne signifient pas que le Motu Proprio soit au point mort ailleurs. En Europe, par exemple, de nouvelles messes continuent d’apparaître et d’autres de gagner en visibilité et en facilité d’accès. C’est le cas en Espagne où la presse locale de Gijon vient de rendre compte du transfert de la messe locale dans une église du centre-ville historique, ou encore à Ségovie qui va désormais bénéficier, deux fois par mois, de l’apostolat de l’Institut du Christ-Roi : à 19 heures le dimanche en l’église San Sebastián. Depuis juin, la Slovénie compte elle aussi une première application, mensuelle, du Motu Proprio : à Maribor. En Italie, en dépit de la fermeture de nombreux lieux de messes desservis par les Franciscains de l’Immaculée, une nouvelle messe dominicale a été obtenue à Palerme : tous les dimanches à 17h30 en l’église San Basilio. On notera aussi au passage que Mgr Bassetti, archevêque de Pérouse, que le pape François vient de créer cardinal, a déjà célébré la messe traditionnelle.
G) En dehors de ce développement que nous pourrions appeler « organique » du Motu Proprio, il est à signaler que la promotion ponctuelle de la forme extraordinaire ne connaît pas de répit : l’infatigable serviteur de la réforme liturgique qu’est Mgr Schneider a ainsi célébré un triduum en Irlande pour le début de l’Avent ; Mgr Bartulis, évêque de Siauliai en Lituanie, habitué des routes de Chartres, a célébré une messe pontificale cet été lors d’un séminaire liturgique dans son diocèse ; plus à l’Est encore, le cœtus Summorum Pontificum de Moscou (pour lequel est dite la messe tous les dimanches à 17 heures dans la crypte de la cathédrale) a parrainé un voyage de présentation de la messe traditionnelle dans la ville de Berezniki, sise au pied de l’Oural ; enfin, la communauté de Hong-Kong, préexistante au Motu Proprio mais au dynamisme infatigable, a inauguré lors du dimanche de Gaudete un cycle de conférences liturgiques avec une présentation par Mgr Schneider des bienfaits et de la nécessité urgente de la communion à genoux et sur les lèvres, objet de son dernier livre dont la traduction française est en cours, grâce à Renaissance Catholique.
H) Bref, le changement de pontificat n’a opéré aucun changement en ce domaine : l’effet Summorum Pontificum ne s’est nullement démenti en 2013. Gageons qu’il en sera de même en 2014. Ne serait-ce que parce que le besoin et la demande ne sont pas prêts de s’éteindre.