Notre lettre 414 publiée le 19 novembre 2013
DE L'ACTUALITÉ DE LA FÊTE DU CHRIST, ROI DE L'UNIVERS
Tu Rex gloriae Christe ! « C’est vous, ô Christ, le Roi de gloire », Te Deum
Ce dimanche 24 novembre, à 10h30, le pape François célébrera place Saint-Pierre, à Rome, la Messe de clôture de l'Année de la Foi. Cette cérémonie, voulue par Benoît XVI, coïncidera avec la fête du Christ, Roi de l’Univers. Cette coïncidence n'en est en réalité pas une car Benoît XVI savait bien ce qu'il faisait en associant cette fête de la royauté, spirituelle mais aussi sociale, de Notre-Seigneur Jésus-Christ à cette année de préparation à la nouvelle évangélisation. C'est en tout cas ce qu'explique le Père Michel Viot dans son dernier ouvrage, paru le mois dernier aux éditions Via Romana (1).
Fondateur de l'association « Écouter avec l'Église », dont la vocation est l'explication, l'illustration et la défense du Magistère pontifical, le Père Viot a en effet jugé important de donner à cette fête de la royauté du Christ un éclairage particulier cette année. Il n'est pas le seul car c'est aussi en fêtant le Christ-Roi que s'est conclu le tout récent pèlerinage du peuple Summorum Pontificum à Rome.
Nous souhaitons cette semaine nous arrêter sur ces deux initiatives qui s'inscrivent toutes deux dans la même démarche de catholicité décomplexée, missionnaire et soucieuse de cet « enrichissement mutuel » à laquelle invite le Motu Proprio de Benoît XVI.
I – L'INITIATIVE DU PÈRE VIOT
Dimanche 24 novembre, à 11h30, en l'église Saint-François-Xavier, à Paris, le curé de la paroisse, Mgr Patrick Chauvet, à l'instar de tous les curés célébrant de par le vaste monde dans la forme ordinaire du rite romain, fêtera le Christ, Roi de l'Univers. Cette cérémonie, pour laquelle Mgr Chauvet sera entouré de Mgr Dominique Le Tourneau et du Père Michel Viot, fera non seulement écho à celle que conclura au même moment le pape François, place Saint-Pierre, mais aussi à celle que l'abbé de Tanoüarn a présidé, selon la forme extraordinaire du rite romain, le dimanche 27 octobre, devant une centaine de fidèles, en la même église Saint-François-Xavier.
Pour inciter les catholiques à bien saisir l'importance de la fête du Christ-Roi, comme elle s'appelait lors de son institution par Pie XI en 1925, le Père Viot a en effet souhaité accompagner la publication de sa brochure d'une initiative de catéchèse liturgique hautement symbolique : la célébration, dans la même paroisse, de la même fête liturgique selon les deux calendriers romains, l'ancien et le réformé. Ces deux célébrations, à un mois d'intervalle, puisque le « Christ-Roi » est fixé dans l'Ordo traditionnel au dernier dimanche avant la Toussaint tandis que le « Christ, Roi de l'univers » marque la fin de l'année liturgique dans le nouvel Ordo, seront appuyées par un colloque qui se tiendra toujours en la paroisse Saint-François-Xavier, l'après-midi du 24 novembre.
Outre la fidélité au Magistère romain et, en particulier, à l'enseignement de Benoît XVI, l'initiative du Père Viot est motivée par un souci pédagogique et catéchétique de grande urgence : offrir aux catholiques une réflexion sur la signification et l'importance de la célébration de la royauté de Notre-Seigneur à l'heure des provocations laïcistes du gouvernement actuel. En outre, comme elle est caractérisée par le rapprochement des deux formes liturgiques du rite romain, cet « enrichissement mutuel » au service de la « paix liturgique » que nous désirons si ardemment, nous ne pouvons que l'appuyer et encourager nos lecteurs à s'y associer.
Dans son ouvrage, dont la préface est signée de l'évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, Mgr Marc Aillet, le Père Viot rappelle les origines historiques de l'instauration par Pie XI de la fête du Christ-Roi à travers l'encyclique Quas Primas. S'il ne cache pas que les modifications apportées par le concile Vatican II aient pu sembler vouloir redimensionner l'importance de cette fête, « un peu comme si son accomplissement parfait reporté à la fin des temps nous autorisait à tempérer l'ardeur qu'il aurait fallu mettre dans leur application immédiate » (page 56), le Père Viot estime toutefois que Vatican II a « complété Quas Primas sans l'abroger, ce qui n'était d'ailleurs pas en son pouvoir » (p. 60). Et l'auteur de prêcher l’union sacrée de tous les catholiques contre le laïcisme d’aujourd’hui qui démultiplie les conséquences de l’abandon de la loi naturelle par les états modernes.
Cette invitation du Père Viot à ne pas se rallier au monde laïciste, a trouvé un parallèle dans l’homélie matinale du pape François, ce 18 novembre. Commentant un passage du Livre des Maccabées, le pape a dénoncé avec force et clarté ceux qui veulent, au nom de « la pensée unique » et dans un esprit de « progressisme adolescent », négocier « la fidélité au Dieu toujours fidèle ». « C’est ce qu’on appelle l’apostasie », a remarqué le Pape. « Ce n’est pas qu’ils sont en train de négocier certaines valeurs, non, ils négocient carrément l’essentiel, à savoir la fidélité au Seigneur ». « On connaît la suite de l’histoire, a poursuivi le Pape, les condamnations à mort, les sacrifices humains ». Et de préciser : « Vous pensez peut-être qu’aujourd’hui on ne les pratique pas, ces sacrifices humains ? Eh bien, tout au contraire, on en pratique tellement, tellement. Il existe même des lois pour les protéger ».
Avant ces propos du Saint-Père, l’invitation du Père Viot à « découvrir le sens profond de la royauté sociale du Christ », selon les mots de Mgr Aillet dans son avant-propos, avait été parfaitement illustrée par la journée de clôture du pèlerinage du peuple Summorum Pontificum à Rome, le 27 octobre dernier, jour de la fête du Christ-Roi dans le calendrier traditionnel.
II – À ROME, LE PEUPLE SUMMORUM PONTIFICUM FÊTE LE CHRIST-ROI
Lors de la conférence de presse de lancement du pèlerinage en juin dernier, l'abbé Claude Barthe, aumônier du pèlerinage, avait annoncé que sa clôture officielle interviendrait non pas le samedi 26 octobre à l'issue de la messe en la basilique Saint-Pierre, mais « seulement le dimanche 27 octobre, par la solennité du Christ-Roi, célébrée par un évêque venu du bout du monde, Mgr Rifan, ordinaire de l’Administration apostolique de Campos (Brésil) ». Ce choix témoignait du désir des organisateurs de marquer leur unité spirituelle avec l'Année de la Foi dont la conclusion a pour objet d'être en pratique « un commencement, un nouveau départ en mission ». Or, expliquait l'abbé Barthe, « la toujours jeune et fervente liturgie traditionnelle, qui s’étend désormais paisiblement chaque jour dans le monde entier, apporte son souffle spirituel très spécifique à la nouvelle évangélisation. Très attrayante pour les jeunes catholiques qui la découvrent, en raison de sa puissante force d’identité et d’expression du sacré, elle représente d’ailleurs en elle-même, comme l’expérience le prouve, un moyen privilégié de catéchèse à propos de la présence réelle, du sacerdoce, du sacrifice eucharistique ».
Ce dimanche 27 octobre 2013, en la basilique romaine de Sainte-Marie-de-la-Minerve, l'expérience a été confirmée. Mieux même, elle a été parfaitement illustrée et revendiquée par le célébrant, Mgr Rifan, qui a livré un sermon vigoureux, particulièrement apprécié des fidèles, de toutes nationalités. Rappelant l'offensive laïciste qui frappe l'Europe, Mgr Rifan a expliqué, rendant grâces à Pie XI, que la célébration solennelle du Christ-Roi était l'une des meilleures réponses spirituelles, sans présumer des réponses « sociales » nécessaires, que les catholiques pouvaient y apporter, y compris au quotidien, par l'affirmation de la présence réelle de Notre Seigneur, magnifiée particulièrement dans la forme extraordinaire du rite romain qui, à cet effet, peut et doit jouer un grand rôle dans la nouvelle évangélisation.
L'homélie de l'évêque brésilien a eu d'autant plus d'effet que le service liturgique, assuré par l'Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre (la Providence et les organisateurs avaient bien fait les choses !), était d'une saisissante mais déjà très efficace jeunesse, et que les Pères dominicains qui ont la charge de la basilique avaient fait la surprise, aux pèlerins comme aux organisateurs, de permettre que la Sainte Messe soit célébrée à l’autel majeur, sur la châsse de sainte Catherine de Sienne, patronne de l’Italie. Un privilège d'autant plus rare que l'autel face au peuple avait été pour l'occasion retiré. Un petit miracle dans lequel nous voulons voir un clin d'œil du Ciel aux pèlerins pour le zèle et la ferveur démontrés durant tout le pèlerinage.
« Adveniat regnum tuum ! »
(1) Dieu et l'État – Signification de la fête du Christ-Roi, éditions Via Romana, 2013,
80 pages, 9 euros.